Septembre noir ou effet septembre en bourse : mythe ou réalité ?

Par Thomas Giraud

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Le mois de septembre a la réputation d’être synonyme de forte volatilité sur les marchés financiers.

Cet article se propose de démêler le vrai du faux concernant l’effet septembre, en s’appuyant sur des données factuelles. Nous étudierons les statistiques permettant de confirmer ou d’infirmer cette croyance, les différentes théories qui l’expliquent, ainsi que les implications pratiques pour les investisseurs, qu’ils soient débutants ou expérimentés.

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September effect

C’est quoi, l’effet septembre ?

Lorsqu’on parle de l’ « effet septembre » (September Effect en anglais), on fait référence à la tendance réelle ou théorique par laquelle les marchés actions tendent à enregistrer un déclin ou une faible hausse au mois de septembre. Il s’agirait donc d’un phénomène de saisonnalité, comme le rallye du père Noël ou l’effet janvier.

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Que disent les chiffres ?

Mais les données historiques donnent-elles du crédit à la théorie de l’effet septembre ? Selon la publication Stock Trader’s Almanac, depuis 1950, le mois de septembre est le pire mois de l’année à Wall Street. En moyenne, entre 1950 et 2017, le Dow Jones Industrial Average a enregistré en septembre une baisse de 0,7 % et le S&P 500 une baisse de 0,5 %. Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous, les autres grands indices de Wall Street, le Nasdaq et le Russell 2000 tendent aussi à afficher des pertes en septembre.

septembre noir - effet septembre - Stock Trader’s Almanac
Source : Stock Trader’s Almanac

Les raisons de l’effet septembre

Facteurs psychologiques

On attribue souvent l’effet septembre à des facteurs psychologiques :

  • L’optimisme excessif. En début d’année, les investisseurs ont tendance à être excessivement optimistes. Ils espèrent parvenir à des rendements ambitieux et, pour ce faire, ils prennent des risques. En septembre, après les pertes enregistrées sur certaines positions risquées, cet optimisme peut être moindre. Ce manque d’enthousiasme peut conduire les investisseurs à prendre leurs bénéfices sur leurs positions rentables.
  • L’envie de réaliser ses gains. Lorsque les investisseurs rentrent de vacances en septembre, ils seraient enclins à réaliser les bénéfices qu’ils ont engrangés pendant l’été.
  • Le besoin de liquidités à la rentrée. Une autre explication courante, c’est celle selon laquelle les traders particuliers ont envie de vendre une partie de leurs actions en septembre pour couvrir les dépenses liées à la rentrée scolaire de leurs enfants.
  • Une prophétie autoréalisatrice. Selon une autre théorie, l’effet septembre se produit parce que les investisseurs s’attendent à ce qu’il se produise. Pour se conformer à leurs attentes d’une correction du marché, ils adoptent une attitude prudente et se débarrassent de leurs actifs risqués.

Facteurs techniques

On peut également expliquer l’effet septembre par des facteurs techniques :

  • Les 3 sorcières. L’échéance de trois types de produits dérivés en septembre (les fameuses 3 sorcières) peut contribuer à augmenter la volatilité sur les marchés actions. Et des fluctuations importantes des cours peuvent coïncider avec de fortes baisses.
  • Le rééquilibrage de portefeuille. Les gestionnaires de fonds rééquilibrent souvent leur portefeuille en fin de trimestre. S’ils estiment à la rentrée qu’ils disposent de trop d’actions par rapport à d’autres types d’actifs, ils peuvent alors décider de vendre une partie de leurs actions. Par ailleurs, ces mêmes gestionnaires ont des objectifs annuels à atteindre en termes de rendement. Le mois de septembre peut offrir un moment opportun pour réaliser les bénéfices déjà enregistrés et atteindre en fin d’année ces objectifs financiers.

Mythe ou réalité ?

Les arguments cités ci-dessus plaident en faveur de l’existence d’un effet septembre. Mais sont-ils décisifs ? On pourrait mentionner divers types d’arguments qui ne plaident pas en faveur de la thèse de l’effet septembre :

  • Les statistiques sont changeantes. D’une période à l’autres, les statistiques permettent de tirer des conclusions opposées. Si, par exemple, on considère la période allant de l’année 2017 à l’année 2019 incluses, le S&P 500 a affiché des rendements positifs ces années-là. Il se peut donc que les faibles rendements moyens soulignés par Stock Trader’s Almanac tiennent plus à la période considérée qu’à une tendance des investisseurs à vendre leurs actions en septembre.
  • La théorie des marchés financiers efficients. Selon cette théorie, à n’importe quel instant t, les prix des actifs échangés sur les marchés financiers tiennent compte de toute l’information dont dispose les investisseurs à cet instant-là. Mais si l’effet septembre existe, il y aurait une information (la tendance baissière des actions en septembre) qui ne serait pas immédiatement intégrée dans les cours par les marchés. L’effet septembre constitue donc une anomalie au vu de la théorie de l’efficience des marchés.

attention !

Les chiffres du passé ne sont pas la garantie de performances similaires dans le futur. Les marchés financiers sont influencés par une grande diversité de facteurs, et leur évolution est par nature imprévisible. Les performances baissières enregistrées lors de mois de septembre précédents ne permettent donc pas d’anticiper avec certitude des performances similaires à l’avenir.

Comment les traders peuvent-ils s’adapter ?

La diversification

Les investisseurs qui anticipent une correction des marchés actions en septembre ont différents outils à leur disposition pour s’adapter à une telle éventualité. Ils peuvent diversifier leur portefeuille en investissant dans des actifs qui ne sont pas corrélés avec les actions. L’or, par exemple, est un outil privilégié de diversification chez les traders qui cherchent un rempart contre la volatilité des actions. En diversifiant son portefeuille, on réduit son exposition aux marchés actions. Et on se protège contre l’impact négatif qu’aurait une correction ou un krach boursier.

Investir dans les valeurs défensives

Une autre stratégie, qui peut s’exécuter en même temps que celle de la diversification, consiste à se tourner vers les secteurs défensifs. On considère habituellement que ces secteurs regroupent les actions des secteurs non cycliques, comme les biens de consommation ou les services d’intérêt public (utilities). Ce type d’actions tend à surperformer ou, du moins, à ne pas sous-performer lorsque les indices boursiers dégringolent. On pourrait dire la même chose des blue chips ou des entreprises financièrement saines. Ces entreprises à forte capitalisation boursière et dont la rentabilité est stable ont tendance à voir leurs actions mieux résister que les autres aux marchés baissiers.

Le hedging à l’aide des produits dérivés

Pour se protéger contre une forte baisse des marchés actions, on peut utiliser des produits dérivés dont la valeur évolue en fonction de celle des grands indices boursiers. Si, par exemple, on achetait des puts de protection prenant le S&P 500 pour sous-jacent, on ouvrirait ainsi des positions à biais baissier, susceptibles de profiter d’une baisse de cet indice.

Pour en savoir plus sur le hedging à l’aide de produits dérivés, consultez notre article à ce sujet.

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