Black Monday : Le jour où les marchés ont vacillé

Par Thomas Giraud

Dans cet article

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Le 19 octobre 1987, les marchés financiers mondiaux ont connu une journée noire. Le krach boursier qu’on a observé en ce lundi noir de 1987, le fameux « Black Monday », a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la finance.

Dans cet article, nous revenons sur les causes de cette catastrophe boursière. Quels sont les facteurs qui ont déclenché la panique ? Quels sont les mécanismes qui ont amplifié la chute des cours ? Quelles mesures ont été prises par les autorités pour tenter de stabiliser les prix ?

Nous tentons aussi de comprendre les conséquences à long terme qu’a eu cet événement majeur sur les marchés financiers. Si vous cherchez un courtier pour investir dans les actions, cliquez ici.

Krach boursier 1987

Le Black Monday, c’est quoi ?

Le 19 octobre 1987 est une date à jamais gravée dans les annales de la finance mondiale. Ce lundi-là, les marchés boursiers du monde entier ont connu une chute vertigineuse. Le Dow Jones Industrial Average, un des grands indices qui représentent les actions américaines, a perdu 22,6 % de sa valeur ! Le S&P 500 a connu un plongeon encore plus impressionnant : -30 % !

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Krach boursier 1987 : contexte historique

1980-1985 : l’envolée du dollar

La Réserve fédérale voit arriver à sa tête un nouveau président en 1979. Paul Volcker décide de relever les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation. Le taux des fonds fédéraux passe ainsi de près de 11 % en 1979 à près de 19 % en 1981. Cette hausse des taux d’intérêt US entraîne un afflux de capitaux aux U.S.A. Ce qui profite au dollar dont la valeur s’envole pour atteindre un pic en 1985.

1985-1987 : Accords du Plaza, Accords du Louvre

Le 22 septembre 1985, à l’Hôtel Plaza de New York, les États-Unis, la France, l’Allemagne de l’Ouest, le Japon et le Royaume-Uni s’entendent pour signer le « Plaza Accord ». Au titre de cet accord, ces pays s’engagent à intervenir sur le marché des changes pour déprécier le dollar face à un certain nombre de grande devises. Il s’ensuit une chute du billet vert, dont l’indice perd environ 40 % entre 1985 et 1987. Pour mettre fin à cette chute brutale, le Canada, les États-Unis, la France, l’Allemagne de l’Ouest, le Japon et le Royaume-Uni signent alors le « Louvre Accord », à Paris, le 22 février 1987.

1986-1987 : la hausse des taux d’intérêt

Grâce à la dépréciation du billet vert, l’économie américaine connaît une forte croissance. Ce qui exerce une pression haussière sur les prix. Pour lutter contre l’inflation, la Fed commence à relever le taux des fonds fédéraux en 1986, comme on le voit dans le graphique ci-dessous (voir notre encadré rouge).

krach boursier 1987 - Taux des fonds fédéraux (1980 – présent). Source : bankrate.com
Taux des fonds fédéraux (1980 – présent). Source : bankrate.com

Krach 1987 : les causes

Les raisons exactes de ce krach restent incertaines. Mais plusieurs causes possibles sont communément attribuées à cette catastrophe financière. En voici quelques-unes.

  • Des marchés actions surachetés :

Les années 80 se sont caractérisées par une forte hausse des cours sur les marchés actions américains. Cela a provoqué chez les investisseurs un optimisme qui les a encouragés à acheter des titres dont les fondamentaux ne justifiaient pas ces cours élevés. Selon un grand nombre d’experts, cet optimisme injustifié a permis l’apparition de marchés surévalués.

  • Programmation informatique :

L’essor des algorithmes de trading a joué un rôle dans l’amplification des mouvements de prix. Les algorithmes de trading haute fréquence ont sans doute contribué à la vente massive d’actions enregistrée lors du lundi noir et, par conséquent, à la panique qui s’est emparée des investisseurs. Il est en effet certain que, lorsque certains niveaux de perte ont été atteints, des programmes informatiques ont commencé à fermer les positions acheteuses qu’ils avaient ouvertes précédemment. Il s’en est suivi un effet domino qui a accéléré la baisse des prix. La chute des marchés a déclenché davantage d’ordres de vente, tandis qu’on ne passait plus d’ordres d’achat.

Le 16 octobre 1987, le vendredi qui a précédé le krach, a été ce qu’on appelle une « journée des 3 sorcières » (triple witching en anglais). Lors d’une telle journée, trois types de contrats arrivent à échéance en même temps : les options sur action, les contrats à terme sur indice boursier et les options sur indice boursier. Un événement de ce genre s’accompagne souvent d’une forte hausse de la volatilité, surtout lors de la dernière heure de la séance de trading. La journée du 16 octobre 1987 n’a pas dérogé à la règle et a été marquée par une volatilité accrue.

Les conséquences du Black Monday

Le Black Monday a eu des conséquences immédiates sur les marchés financiers. La confiance des investisseurs a été fortement ébranlée, ce qui a entraîné une période prolongée de forte volatilité. À tel point que les banques centrales ont dû intervenir pour stabiliser les marchés et empêcher une crise financière.

En ce qui concerne les conséquences de long terme, ce krach a incité les organismes régulateurs des marchés financiers à introduire de nouvelles mesures pour empêcher l’apparition de tels événements. Ils ont notamment renforcé les dispositifs de surveillance. Ils ont également mis en place des mécanismes de protection pour limiter les dégâts en cas de crise. Par exemple, la standardisation des suspensions de transactions par le biais de mécanismes tels que le coupe-circuit a pris de l’importance après le lundi noir de 1987. Cet événement a en effet mis en évidence la nécessité de mettre en place des garde-fous sur les marchés financiers.

définition

Un coupe-circuit (circuit breaker en anglais), c’est un mécanisme mis en place par tel ou tel marché visant à suspendre temporairement les négociations lorsque la volatilité de l’actif concerné atteint un niveau jugé excessif.

Le Black Monday a enfin servi de leçon pour les investisseurs. Ils sont désormais plus conscients des risques inhérents à l’activité du trading. Ils savent quelle est l’importance de la diversification et, plus généralement, de la gestion du risque. Pour preuve, il n’est pas rare de voir les marchés attribuer plus de valeur aux options de vente (puts) hors de la monnaie qu’aux options d’achat (calls) équidistants et hors de la monnaie. En effet, un put de protection a plus de valeur qu’un call de protection si les investisseurs considèrent que le risque d’une forte chute du sous-jacent est plus élevé que celui d’une forte hausse du sous-jacent.

Un nouveau Black Monday est-il possible ?

On aurait pu penser que les mécanismes de protection introduits par les marchés financiers après le lundi noir de 1987 allaient mettre fin aux phénomènes de ventes paniques. Mais les algorithmes de négociation à haute fréquence déplacent en quelques millisecondes des volumes considérables, ce qui favorise l’apparition de krachs. Le « Flash Crash » de 2010, par exemple, en est sans doute l’illustration. En 2010, le Dow Jones Industrial Average a cédé près de 1000 points en près de 10 minutes. Or, cet effondrement spectaculaire des cours est souvent attribué à des algorithmes de trading qui auraient été manipulés par un ou plusieurs traders à l’aide de la technique du « spoofing ». Cette technique permet, en envoyant à l’aide d’algorithmes de multiples ordres de trading puis en les retirant peu avant leur exécution, de simuler l’existence d’une forte demande ou d’une forte offre et de provoquer ainsi une hausse ou une baisse des prix.

Comment se protéger contre un nouveau Black Monday ?

Outre les stratégies classiques de gestion du risque (contrôle de la taille de ses positions, utilisation d’ordres stop-loss, etc.), les traders utilisent souvent le « hedging » pour se protéger contre l’éventualité d’un krach. Les options ou les contrats à terme qui ont pour sous-jacent un grand indice boursier sont bien adaptés pour utiliser une stratégie de hedging puisqu’ils permettent de se protéger contre un krach qui affecterait l’ensemble des actions. Parmi ces stratégies de hedging, l’une des plus populaires est le « protective put ». Si on achète un put hors de la monnaie qui a pour sous-jacent le S&P 500, on se protège contre un effondrement du prix de l’indice sous le prix d’exercice de cette option. Une autre stratégie populaire consiste à acheter un call de long terme ayant le VIX pour sous-jacent. En cas de krach boursier, le VIX est à peu près certain de s’envoler, permettant ainsi à l’acheteur de calls VIX de voir les profits de sa position exploser.

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Sources