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Pendant ce temps, sur les bourses mondiales, le dollar américain ne cesse de grimper. Fin mai, l’indice du dollar se situait aux alentours des 90 points. Il se situe aujourd’hui tout près des 94 points. Le cours du dollar face n’a cessé de grimper face à une monnaie comme l’euro.
Peut-on donc faire l’hypothèse d’une corrélation entre le dollar et les taux d’intérêt ? Et, si oui, laquelle ? Si vous cherchez un courtier pour investir dans les devises internationales, cliquez ici.
Cours du dollar, taux d’intérêt et bourse
Corrélation entre le dollar et les taux d’intérêt
Le taux des fonds fédéraux américains
Quand la banque centrale américaine augmente le taux des fonds fédéraux, cela tend à avoir pour effet une augmentation générale des taux d’intérêt aux États-Unis. Le taux des fonds fédéraux sert en général de base dans le calcul du taux auquel les banques commerciales se prêtent leurs liquidités excédentaires les unes aux autres. Il sert également dans le calcul du taux auquel les banques prêtent à leurs clients. Les taux des emprunts hypothécaires et des comptes d’épargne sont ainsi impactés par une modification du taux des fonds fédéraux.
Le taux des fonds fédéraux est donc un outil essentiel de la politique monétaire de la Réserve fédérale. Lorsque la banque centrale américaine considère que l’inflation est trop élevée, elle peut par exemple décider d’augmenter ce taux. Inversement, lorsque l’économie est en crise, la Fed peut décider de diminuer ce taux. Lorsque les taux sont élevés et qu’il est plus difficile d’emprunter, cela a tendance à freiner la croissance. C’est le rôle du Comité fédéral d’open market (FOMC) d’infléchir ainsi la politique de la Fed en fonction des besoins de l’économie américaine.
Lors de la récession causée par la pandémie de Covid-19, le FOMC a maintenu le taux des fonds fédéraux à un niveau très bas (0 – 0,25 %). Cela a permis aux entreprises de se relever des pertes subies pendant la crise et à leurs actions de retrouver leur niveau d’avant la pandémie. La reprise économique a entraîné une explosion de la demande, qui a, à son tour, conduit à une forte inflation. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Fed envisage de réduire ses achats mensuels d’actifs destinés à soutenir l’économie. Elle se prépare aussi à un relèvement du taux des fonds fédéraux, qui pourrait avoir lieu en 2022, voire début 2023.
L’action des taux d’intérêt sur le dollar
On observe généralement une action positive de la hausse des taux d’intérêt sur le dollar. Lorsqu’une banque centrale diminue ses taux directeurs, cette baisse tend à réduire l’attrait de la devise concernée par rapport aux autres devises. Car le rendement des placements rapportant des intérêts et exprimés dans cette monnaie diminue. C’est l’inverse qui se produit lorsque les taux d’intérêt augmentent. L’attrait de la monnaie concernée augmente. Car le rendement des placements à intérêts exprimés dans cette monnaie augmente aussi.
C’est ce phénomène de taux d’intérêt relevés causant une hausse du dollar qu’on observe actuellement. Sur le graphique ci-dessus, on peut voir comment le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain progresse depuis août 2020. Certes, les taux directeurs de la Fed n’ont pas encore été relevés. Mais les marchés tiennent déjà compte d’une future hausse dans leurs évaluations. Parallèlement, on a pu voir l’indice du dollar progresser à partir du début de l’année 2021. Il est passé d’un plus bas à 89,209 points en janvier à un plus haut à 94,561 points en octobre. On observe la même progression au niveau des paires de devises. Sur le graphique hebdomadaire ci-dessous, on peut voir comment, en janvier 2021, le dollar a amorcé une forte tendance haussière face au yen japonais.
L’action du dollar sur les taux d’intérêt
Est-ce que le dollar peut avoir à son tour une action sur les taux d’intérêt ? La baisse du dollar est un facteur inflationniste. En effet, un dollar plus faible permet d’acheter moins de biens à l’étranger. Ce qui rend le prix des biens importés plus élevé et encourage l’inflation. Or, l’inflation tend à faire grimper les taux d’intérêt. Inversement, la hausse du dollar est un facteur déflationniste. Un dollar plus fort permet d’acheter plus de biens à l’étranger. Ce qui rend le prix des biens importés moins élevé et encourage une déflation. Et la baisse des prix tend à faire chuter les taux d’intérêt.
Dans son livre intitulé Intermarket Technical Analysis, John J. Murphy donne différents exemples pour illustrer ces relations inter-marchés. Il montre comment la hausse du dollar en 1980 a fait diminuer le prix des matières premières la même année et la suivante. Cette baisse du prix des produits de base s’est accompagnée d’une baisse des taux d’intérêt. Après 1985, la baisse des taux d’intérêt a fini par faire chuter le dollar.
On a donc affaire à une sorte de mouvement perpétuel. La hausse du dollar, comme facteur déflationniste, tend à faire chuter les taux d’intérêt. La baisse des taux d’intérêt tend à son tour à diminuer la valeur du dollar. Cette baisse du dollar, comme facteur inflationniste, tend à relever les taux d’intérêt. Et cette hausse des taux d’intérêt tend à donner plus de valeur au dollar. Et caetera ad infinisum.
Exploiter la relation entre le dollar et les taux d’intérêt
Sur le marché des devises
On peut exploiter l’influence des taux d’intérêt sur le dollar pour prédire la force ou la faiblesse du dollar par rapport aux autres devises. Prenons l’exemple de la paire euro/dollar. Après une longue période de stabilité, le taux des fonds fédéraux semble être sur le point d’être relevé par la Réserve fédérale en 2022 ou en 2023. L’inflation élevée qui sévit aux États-Unis semble en effet devoir persister. Les entreprises américaines souffrent d’un double problème. D’une part, les restrictions sanitaires que connaissent différentes régions du globe les confrontent à des difficultés d’approvisionnement. D’autre part, elles manquent actuellement de bras pour acheminer et transformer les biens qu’elles se procurent. Parallèlement, la demande se renforce à l’heure où l’économie se relève du choc causé par la pandémie de Covid-19. Ces facteurs contribuent à rendre le rapport entre l’offre et la demande déséquilibré et à nourrir l’inflation.
À l’inverse, les taux de la zone euro semblent devoir rester inchangés. Lors de sa dernière conférence de presse, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, a justifié la décision de la BCE de ne pas augmenter son taux refi (0 %). Elle a expliqué que, en Europe, l’inflation ne devrait pas rester élevée durablement. Si l’écart séparant le Vieux Continent et les États-Unis s’élargissait au niveau des taux d’intérêt en 2022, cela contribuerait à renforcer le dollar face à l’euro. Sur le graphique ci-dessus, on peut voir comment le cours de l’euro a atteint son dernier sommet début janvier, à 1,23496 $, avant d’entamer un déclin. Dans le même temps, le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain accélérait sa progression.
Sur le marché des obligations et des actions
La causalité réciproque du dollar et des taux d’intérêt n’importe pas seulement pour les investisseurs qui veulent entrer sur le marché des devises. Elle permet aussi de faire des prédictions sur d’autres marchés. Elle détermine le cours des obligations et des actions. Un cycle classique peut se décrire de la manière suivante. On observe d’abord une hausse du dollar, provoquée par une hausse des taux d’intérêt. Puis, la force du dollar, en tant que facteur déflationniste, provoque une diminution des taux d’intérêt. Cette diminution provoque à son tour une hausse du cours des obligations. Et la force des obligations provoque une tendance haussière sur le marché des actions.
Au terme de cette séquence, la baisse des taux d’intérêt conduit le dollar à un renversement de tendance. Après avoir atteint un pic, le billet vert entame sa descente. La faiblesse du dollar, comme facteur inflationniste, tire les taux d’intérêt vers le haut. Les obligations connaissent à leur tour un renversement de tendance. Après avoir atteint un sommet, elles entament une tendance baissière. Les actions leur emboîtent habituellement le pas. Sur le graphique hebdomadaire ci-dessus, on peut voir le cours de TLT, l’ETF qui représente les bons du Trésor américain de long terme, décliner depuis mars 2020. La hausse plus récente des rendements obligataires et du dollar confirment cette tendance baissière sur les marchés obligataires. Cette tendance baissière peut présager un déclin sur le marché des actions.
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